Normalement, je ne devrais pas lui demander de venir me rejoindre ici. Il y avait à cela plusieurs raisons : c’était la personne que j’aime, que j’affectionne le plus au monde, avec qui j’aime passer tout mon temps – en dehors de quand je dors – et elle sort avec mon frère. Le dernier point est le pire, je vous assure. Ce serait celui qui me ferait toujours le plus de mal, surtout qu’il sait parfaitement qu’elle me plait, mais non, il a préféré oublier notre règle d’or de ne pas toucher à celle pour qui l’autre à un faible. Sympa, mais je retenais ce coup foireux. Et je me vengerais tôt ou tard. Mais parlons d’autre chose, comme de ce « rendez-vous » que j’avais proposé à Queeryn. Cette fille, depuis que je l’ai vu, je ne crois pas au coup de foudre, mais elle m’a tout de suite attiré. Au départ, elle n’était que la meilleure ami de mon frère – rien de grave en somme – et puis, du jour au lendemain, il m’annonce qu’ils sont ensemble. Il n’avait aucun remord et moi, je me retrouvais comme le pire con au monde. Ce que ça m’a valu ? Une profonde haine envers mon frère, des nuits blanches à répétition – maintenant encore – et une tristesse incomparable. Un peu comme quand mon père nous a abandonné. Ouais, ce déchirement au cœur, il y ressemble fortement et je dois avouer que j’aurais préféré ne plus jamais ressentir ça. Pourtant, tout était ainsi désormais et je n’avais que la neige pour me protéger et me faire penser à autre chose. Je la fixais, dans ma main, faisant bien évidemment en sorte que personne dans cet immense parc ne puisse la voir. Mon corps était gelé, je le savais, mais la chaleur ne servait à rien si elle n’était pas partagée et cette froideur, j’arrivais à la faire ressentir assez bien aux gens pour qui me foutent la paix.

Cependant, en voyant cette silhouette s’approcher vivement vers moi, je ne pus pas rester de glace – c’était le cas de le dire – et je laissais mon corps se réchauffer, les flocons disparaître rapidement et un sourire s’étirer sur mes lèvres. Vous ais-je dit à quel point elle est radieuse ? Non, sûrement pas. Ses cheveux chocolat me font craquer, c’est dingue ; sa démarche souple me fait envie, pourtant je ne devrais pas y penser, c’est la petite ami de mon jumeau ; et son sourire, mon dieu, si vous pouviez voir ça, il me réchauffe encore plus que cette étoile qui brille au-dessus de ma tête. Passons. Je me levais, toujours aussi souriant qu’en l’apprenant de loin et vins vers elle. La prenant dans mes bras – quoi ? on est amis hein – je souffle un [color=Indianred]« Bonjour » quoi de plus banal à son oreille, heureux qu’elle soit ici avec moi – et pas avec mon frère, quelle victoire personnelle ! Oui, je suis jaloux, et alors ? Ce n’est pas un crime que je sache, ce n’était pas comme si j’allais faire de la drague avec elle et du rentre dedans. Non, pas du tout d’ailleurs. Elle était avec mon frère et je n’avais pas à interférer dans leur relation. Car moi – à l’inverse de mon frère – je ne voulais pas gâcher son bonheur. Trop rêveur et utopiste, je sais, mais que voulez-vous, je veux conquérir le cœur de mon ami à la loyale et non pas avec des coups bas.